Les Echos : Les chaussettes Perrin cédées pour assurer leur pérennité
La manufacture Perrin va être vendue par la famille, faute d'héritier prêt à prendre les rênes. Son jeune directeur général va reprendre la main cet été.
La manufacture Perrin a trouvé chaussure à son pied. La PME familiale de Montceau-les-Mines, spécialisée dans la fabrication de chaussettes, va céder le contrôle de son capital cet été. Sa PDG, Martine Couturier, quatrième génération aux commandes n'a pas d'héritiers souhaitant rejoindre l'entreprise.
Aussi est-ce Damien Schneider (trente-trois ans), le fils d'amis, actuel directeur général qui va racheter les parts familiales (65 %), aux côtés de Constance Nicaise (25 %), en charge du réseau de boutiques. « Notre volonté est d'assurer la pérennité de la manufacture fondée en 1924, avec des jeunes gens qui partagent nos valeurs et veulent conserver l'outil de production en France », souligne Franck Couturier, son président, qui va rester dans la société comme son épouse.
Perrin compte parmi les derniers fabricants de chaussettes en France, avec Bleuforêt, Labonal, ou Broussaud. D'abord sous-traitant pour les maisons de luxe (Dior, Givenchy…), la manufacture a ensuite lancé ses propres marques, Perrin, La Chaussette Française et Dagobert à l'envers. Avec un positionnement haut de gamme (entre 15 à 35 euros). C'est la griffe Berthe Aux Grands Pieds, dont le fondateur Régis Gautreau (10 % du capital) a rejoint l'entreprise en 2003 qui a fait redécoller les ventes. Aujourd'hui, la griffe pèse 40 % du chiffre d'affaires de l'entreprise, qui s'est élevé à 7 millions d'euros en 2017 (+6 %), pour un résultat exploitation entre 7 % à 10 %.
Le digital
« Berthe Aux Grands Pieds a dépoussiéré le monde de la chaussette, avec un style festif, une fabrication française, et un nouveau concept de commercialisation », souligne Régis Gautreau. La marque a d'abord été vendue chez les fleuristes, les coiffeurs et même les antiquaires pour se faire connaître. Aujourd'hui, on la trouve en plus, comme les autres marques de la PME, chez 1.100 détaillants avec une offre élargie aux collants, et aux pulls.
Le futur propriétaire de Perrin a défini deux axes prioritaires : développer le réseau actuel de dix boutiques (Nantes, Rennes, Lyon) et le digital. « Nous allons ouvrir trois magasins d'ici à la fin 2019, à Clermont, Arcachon et Cherbourg, précise Damien Schneider. A Paris, deux emplacements sont à l'étude. » Les quatre marques vont par ailleurs faire monter en puissance leur site de ecommerce lancés il y a un an, et développer l'export (6 %).
Une chaussette connectée
Autre projet majeur, la fabrication de chaussettes connectées pour les hôpitaux américains, afin de prévenir les chutes. Un travail mené avec la start-up, Texisense. Le contrat sur 4 ans, prévoit dès 2018, la production de 20.000 paires pour atteindre 100.000 en 2021. Une opportunité pour la PME, qui emploie 90 salariés, « de développer une expertise, remarque Damien Schneider. Car il a fallu mettre au point un process pour rendre ses fils tricotables ». Et de nouveaux marchés en vue.