Les chaussettes de cet Angevin marchent du bon pied
Regis Gautreau est à la tête de la marque la marque angevine « Berthe aux grands pieds ». Son succès en France et à l’export ne l’empêche pas de continuer à arpenter les marchés tout l’été.
« En réalité, elle n’avait pas de grands pieds mais un pied handicapé ! » Regis Gautreau parle de Berthe, la grand-mère de Charlemagne surnommée Berthe au grand pied. Pour sa marque de chaussettes, il a choisi de s’approprier son surnom mais au pluriel. « J’ai eu de la chance que personne n’ait déposé le nom avant. Une marque, pour être pertinente, il faut qu’elle soit mémorisable à la seconde. »
Vingt ans plus tard, le pari est réussi pour cette entreprise angevine. Aujourd’hui, Berthe aux grands pieds compte 1 300 points de vente et fait un succès à l’international autant aux États-Unis qu’en Asie.
Les marchés pour laboratoire
Pour tester ses créations, Régis Gautreau a un outil imparable : le marché.
« C’est un véritable laboratoire. J’ai les remontées des consommateurs en direct. » C’est pour cette raison que tout l’été, il sillonne le littoral de Loire-Atlantique : Piriac-sur-Mer, Quimiac, Le Croisic et Le Pouliguen. Régis est à son aise dans son rôle de petit commerçant et ça se voit au premier coup d’oeil. Quand des badauds s’arrêtent à son stand, il leur lance tout sourire : « Dévalisez-moi. » Ceux qui le connaissent déjà s’arrêtent pour discuter de tout et de rien. « J’ai des clientes-copines comme beaucoup », explique-t-il entre deux conversations. Des nouveaux se laissent tenter par une paire de chaussettes après un discours passionné de Régis parce qu’il est le meilleur avocat de sa marque.
« Psychologiquement c’est cher. Mais Berthe, c’est aussi de la qualité. Quand on teste la qualité, on ne veut plus descendre. » Une paire de chaussettes coûte aux alentours de 22 €. « Mais elles ne sont pas chères, car elles ne s’usent pas ! », explique Joëlle, une habituée. Sur les conseils d’une amie, une estivante repartira avec un pull et trois paires de chaussettes en plein mois de juillet !
Sur le papier, les idées de Régis ont l’air farfelues. Le marché n’est généralement pas l’endroit pour vendre des produits haut de gamme surtout pour une marque qui ne pratique pas les soldes. « Mon père me disait d’aller à gauche quand tout le monde allait à droite. » Quand Régis a commencé l’aventure Berthe aux Grands pieds il y a dix ans, le made in France n’était pas aussi à la mode. Il fait néanmoins équipe avec la manufacture Perrin, en Saône-et-Loire pour fabriquer ses chaussettes.
Quand il a voulu se lancer dans les pulls, personne n’y croyait ni même l’entreprise Royal Mer en Loire-Atlantique, avec laquelle il s’associe. Résultat ? C’est un carton. « Il faut fuir les idées préconçues et vivre le moment. » Pour lui, le succès de sa petite production française réside dans la qualité de ses produits. Les stocks sont parfois limités : « On se fait désirer », rigole-t-il.
La technique semble en tout cas porter ses fruits. Après les chaussettes, Berthe aux grands pieds s’est lancé dans les collants, les mi-bas, les écharpes, les mitaines et même les pulls. Bientôt, des chaussures et des lunettes s’ajouteront dans les rayons.
Berthe va pouvoir nous habiller des pieds à la tête.
Marine LANGLOIS.